Pour ne pas alourdir la page consacrée à l’extinction je relate ici les mésaventures possibles de l’extinction de la chaux vive.
La réaction d’hydratation de la chaux (vive) est spontanée, exothermique mais pas instantanée. Cela provoque quelques bévues au départ. Il faut entre une et cinq minutes (cas extrême) pour que la réaction démarre vraiment.

La plus commune des bévue, consiste vu l’inertie du mélange à ajouter trop de chaux vive en trop peu de temps. En trois minutes vous avez largement le temps d’ajouter vos cinq kilos sans que parfois il ne semble rien se passer or…
Il se passe deux choses, d’abord la chaux descend au fond du seau et s’y accumule elle ne reste pas en suspension. Et au sein de cette couche de chaux vive la réaction d’hydratation démarre. Avec trop peu d’eau à cet endroit là. Bien assez pour la réaction mais pas assez pour dissiper l’énergie dégagée.
D’exothermique (qui dégage de la chaleur) elle passe à violente. Le mélange entre en ébullition et au fond du seau bien plus qu’en ébullition. Des bulles de vapeurs d’eau se forment, remontent rapidement et crèvent en surface.
Dans le meilleur des cas, ça déborde, il y en a un peu partout mais rien de dangereux. Dans le pire des cas, ça déborde un peu plus et le fond du seau se ramolli, se perce et tout s’étale. Mais cela c’est pour environ 5 kg. dans 12 litres d’eau.

Si comme certains (je ne citerai pas de nom, j’en ai pas) vous optez pour des contenants plus grands, par exemple 25 kg dans 60 litres d’eau le rapport est le même mais pas l’intensité de la réaction. Les débordements en cas d’introduction trop rapide se transforment vite en projections à un mètre ou plus. Outre les salissures pas toujours appréciées que cela engendre il y a peut-être vos yeux dans la trajectoire de ces jets d’eau de chaux brûlante. C’est sans doute la température qui est la plus à craindre.
Faites vos essais sur de petites quantités mais n’oubliez pas  que la mise à l’échelle (en plus grand) de votre réaction a des conséquences, ce n’est pas linéaire.

Autre souci, l’ajout en fin d’extinction dans très peu d’eau et en surface. A l’extinction la pâte gonfle. Ce n’est plus 12 litres que vous avez mais 13 ou 14 (c’est temporaire). Sauf que la chaux hydratée peut venir se former jusqu’en surface. Et l’ajout des derniers grammes de chaux vive s’avère délicate. Sur une espèce de croûte semi liquide vous saupoudrez le fond du sac et la réaction démarre tout de même.

Mais avec très, très peu d’eau vous observez parfois des petits morceaux fuser. Peu, rares, mais ils vont loin à grande vitesse et sont à haute température. Bien plus de 100°c. Bien sûr ils sont tout petits et la quantité de chaleur dégagée au contact de la peau est minime. Oui mais contre un œil ? Il est sage de ne pas essayer de répondre à cette question. Porter des lunettes et attendre sagement que le surnageant d’eau (la pâte se rétracte assez vite) soit suffisant pour finir votre extinction en sécurité.

Autre souci celui rencontré avec les « poudres » de chaux vive. Très fréquentes si c’est de la chaux vive « sanitaire », ce sont des poudres mal broyées, souvent non calibrées contenant des fines très volatiles. Or la chaux vive est irritante.
Et spécialement irritante pour les voies respiratoires. Il faut travailler avec un bon masque anti-poussières (ainsi que les lunettes de toute façon obligatoires).
Ce n’est pas si anodin, il m’est arrivé lors de manipulation de chaux vives sanitaires utilisées souvent pour autre chose que l’extinction, vu qu’elles ne sont pas de bonne qualité pour cet usage, d’en respirer un peu trop.
On tousse, on crache un peu du nez, on se nettoie mais ça pique et les cas où les muqueuses irritées saignent n’est pas rare du tout. Sur les mains ça ne fait pas grand chose, hors des ongles un peu plus durs (?) et une peau rêche quelques jours.
Donc la chaux-vive dangereuse ? Non. Mais pas sans dangers.
Hors la température les incidents sont infiniment moins graves qu’avec la redoutable soude caustique ou l’acide sulfurique mais ils restent possibles.

A bon extincteur salut. (<-ha ha haHaHAHAHAAaaa mais que c’est drôôôôôle, ahem désolé).